En 2023, seulement 20 % des fonds gérés activement en Europe ont surpassé leur indice de référence sur dix ans, selon Morningstar. Pourtant, certains investisseurs institutionnels continuent d’allouer des milliards à ces stratégies. Les régulateurs multiplient les mises en garde contre les frais élevés et la difficulté à générer de l’alpha sur le long terme.
Malgré ces obstacles, des gestionnaires maintiennent leur préférence pour l’approche active, citant la flexibilité d’adaptation aux changements de marché et la possibilité de détecter des opportunités ignorées par les indices. Ce choix stratégique soulève des questions sur la pertinence et l’efficacité réelle de cette méthode.
Gestion active et gestion passive : quelles différences fondamentales ?
Deux visions s’affrontent dans l’univers de l’investissement : la gestion active oppose son art de la sélection à la mécanique reproductrice de la gestion passive. Côté actif, des professionnels scrutent, analysent, prennent le risque de s’éloigner de la moyenne pour tenter de battre l’indice, quitte à prendre des chemins singuliers. Leur but : obtenir un rendement supérieur au marché, par une sélection exigeante d’actions, d’obligations ou d’autres actifs.
En face : la gestion indicielle, ou passive, choisit la simplicité et l’efficacité. Avec des outils comme les ETF ou les fonds indiciels, le portefeuille se contente de copier la structure d’un indice, sans intervention humaine pour en modifier la composition. Un fonctionnement automatique, des frais de gestion généralement modestes, une exposition fidèle au marché choisi : l’investisseur suit la tendance, sans chercher à la devancer.
Quelques différences majeures méritent d’être mises en lumière pour saisir l’opposition entre ces deux approches :
- La gestion active : sélection de titres, arbitrages fréquents, adaptation aux cycles, généralement des frais plus élevés.
- La gestion passive : gestion automatisée, coût réduit, performance calquée sur l’indice, portefeuille peu remanié.
Le choix ne se résume pas à une histoire de frais : il engage la diversification, l’exposition recherchée et la tolérance à s’éloigner durablement des performances de l’indice. Les OPCVM actifs exigent un suivi constant de la part du gérant, tandis que les produits passifs, notamment les ETF, se contentent de suivre le marché dans sa globalité, sans chercher à anticiper les évolutions.
Pourquoi la gestion active séduit encore de nombreux investisseurs
La gestion active conserve sa place chez ceux qui veulent une approche plus personnalisée et dynamique dans un univers financier complexe. Les gestionnaires actifs prennent des décisions, fouillent le marché, tentent de déceler l’opportunité là où l’indice passe à côté. Cette méthode repose sur une analyse poussée, du stock picking sur les actions à la sélection d’obligations, ou encore l’accès à des actifs alternatifs comme le private equity ou l’immobilier locatif.
La gestion active du portefeuille s’oppose à la logique automatique : elle ajuste, module le risque, prend le pouls du marché en temps réel. Pour ceux qui se lassent de la standardisation de la gestion indicielle, cette capacité à sortir du cadre classique a de quoi séduire. Ici, la performance découle d’une stratégie élaborée, d’une lecture singulière du contexte économique, d’une anticipation des cycles sectoriels.
Voici les principaux attraits mis en avant par ses partisans :
- Multiplicité des stratégies selon le profil : recherche de croissance, de rendement, ou protection face à la volatilité.
- Possibilité d’investir sur des segments moins liquides ou peu présents dans les grands indices.
Au fond, la gestion active attire ceux qui refusent de s’en remettre uniquement au hasard du marché. Miser sur la compétence, l’expérience et la rapidité de décision : voilà ce qui continue de nourrir l’espoir de surperformer l’indice de référence.
Les avantages concrets de la gestion active face aux marchés financiers
Ce qui distingue véritablement la gestion active, c’est son aptitude à réagir face aux imprévus des marchés financiers. Là où un ETF smart beta ou un fonds indiciel suit docilement la tendance, la gestion active prend l’initiative : elle ajuste l’allocation, arbitre à la lumière des événements économiques ou géopolitiques, saisit les fenêtres d’opportunité éphémères.
Le market timing, quand il s’appuie sur une analyse solide, peut limiter les dégâts lors de phases agitées, tout en profitant des rebonds. Le stock picking se révèle précieux dans un marché fragmenté, où choisir les bonnes valeurs fait la différence. Quant aux stratégies dites « smart beta », elles incarnent un compromis, en misant sur des facteurs de risque bien identifiés au lieu de la seule taille des entreprises.
Plusieurs avantages concrets se dégagent pour ceux qui choisissent cette voie :
- Diversification accrue : accès à des secteurs ou classes d’actifs peu présents dans les indices classiques, comme le private equity ou des obligations d’entreprise spécifiques.
- Réactivité : capacité à ajuster rapidement le portefeuille selon les principaux événements économiques.
- Personnalisation : adaptation fine de la stratégie selon les objectifs ou contraintes propres à chaque investisseur.
En somme, la gestion active s’adresse à ceux qui veulent garder la main sur leur exposition au risque et miser sur une création de valeur qui dépasse la simple reproduction d’un indice.
Faire le bon choix pour son portefeuille : quels critères privilégier ?
Opter pour la gestion active ou la gestion passive n’est pas une simple affaire de tendance. Ce choix structurant suppose de prendre en compte des critères nets. L’objectif d’investissement vient guider l’approche : viser une surperformance face à un indice de référence ? Privilégier la régularité d’un fonds indiciel ou la souplesse d’un fonds actif ? Chaque stratégie s’ajuste à l’horizon de placement, au niveau de risque accepté, ainsi qu’aux contraintes réglementaires propres à chaque investisseur.
La diversification offerte par chaque option mérite examen. Les ETF et produits indiciels garantissent une large exposition, pour des frais de gestion souvent compressés. En revanche, la gestion active ouvre la porte à des classes d’actifs peu accessibles autrement : private equity, SCPI, obligations à haut rendement. Les investisseurs en quête de personnalisation apprécieront aussi la latitude supplémentaire pour ajuster leur allocation.
Impossible d’évacuer la question des frais. Les fonds actifs impliquent des coûts plus élevés, reflet d’un travail d’analyse et d’une gestion du risque plus poussée. Mais au bout du compte, seule la performance nette de frais compte. La structure d’investissement a aussi son poids : PEA, assurance-vie ou compte-titres diffèrent en fiscalité et en accès aux différentes stratégies.
Pour affiner la décision, plusieurs critères doivent être considérés :
- Appétence pour le risque et la volatilité
- Objectif de performance par rapport à l’indice
- Temps disponible pour suivre et ajuster son portefeuille
- Frais de gestion et accessibilité des supports
Gérer activement, c’est accepter l’incertitude et parier sur la vigilance ; choisir le passif, c’est faire confiance à la force tranquille du marché. À chacun de décider sur quel terrain il veut avancer.

